Amandine DIDELOT – Portrait d’une ostéopathe présidente de CPTS

Arrêtons-nous un instant sur le parcours d’Amandine Didelot, qui a été présidente de la CPTS du Trégor depuis sa fondation.

Dans un article publié le 13 mai 2021, Ouest-France met en lumière les initiatives visant à « Améliorer le système de santé pour les Trégorrois ». L’article présente notamment Amandine Didelot, ostéopathe et jeune présidente de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Trégor.

L’objectif principal de cette nouvelle structure, première du genre dans les Côtes-d’Armor, est de renforcer les liens entre professionnels de santé. Soutenue sur le long terme par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) départementale, la CPTS a pour ambition de pérenniser un projet d’amélioration du système de santé local.

À l’origine de cette initiative se trouve Amandine Didelot, ostéopathe à Perros-Guirec. Décrite par ses collègues comme dynamique, enthousiaste et fédératrice, elle a su rassembler les professionnels de santé autour d’une même vision. Constatant, avec d’autres paramédicaux, un manque de connaissance et de communication mutuelle, elle décide de créer un réseau structuré.

Avec le soutien de Rozenn Mahé, conseillère à Domitys, et du Dr Éric Henry, membre de la CPTS d’Auray (Morbihan), une première réunion est organisée en juin 2019, réunissant une quarantaine de professionnels de santé. À l’origine envisagée comme une Maison de santé pluriprofessionnelle (qui a vu le jour également, N.D.L.R.), l’initiative prend rapidement une envergure plus large. En octobre 2019, le Groupement des professionnels de santé de la Côte de Granit Rose voit le jour.

La CPTS est aujourd’hui présidée par Loïc Mothé.

La CPTS du TREGOR

La CPTS regroupe plus de 380 professionnels du système de santé, parmi lesquels :
des médecins, pharmaciens, infirmières, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, psychologues, diététiciennes, ostéopathes, éducateurs sportifs, hypnothérapeutes, sages-femmes, ergothérapeutes… Ces professionnels exercent en libéral, en salariat ou en mode mixte.

L’activité de la CPTS se concentre principalement sur des actions visant à améliorer l’accès aux soins, accompagner l’installation des professionnels, coordonner les parcours de soins et promouvoir la prévention.

OSTE POUR TOUS a contacté Amandine DIDELOT pour une interview !

Aujourd’hui simple adhérente de la CPTS, Amandine DIDELOT nous raconte son mandat de présidente et son parcours au sein de la CPTS du Trégor.

Pourquoi avoir rejoint une CPTS ? Qu’est-ce qui vous a motivée à en prendre la présidence ?

L’idée initiale était de créer un groupement de professionnels de santé afin de favoriser les échanges entre praticiens du territoire. En tant qu’ostéopathe, j’avais à cœur de développer des relations avec les médecins, kinésithérapeutes, infirmiers, orthophonistes, et d’autres professionnels. Grâce à mon cercle d’amis proches, composé de divers acteurs de la santé, nous avons commencé à nous réunir pour réfléchir à la mise en place de ce projet. C’est à ce moment-là que nous avons découvert l’existence des CPTS, qui, en plus de structurer nos efforts, permettent d’accéder à des subventions pour financer des actions sur le territoire.

Nous avons alors décidé de créer une CPTS pour le Trégor. Lors d’une réunion, nous avons invité le Dr Éric Henry, qui avait déjà mis en place une CPTS à Auray, afin qu’il partage son expérience. À l’issue de cette rencontre, le projet de création a été adopté, et j’ai été élue présidente par la quarantaine de professionnels présents ce jour-là.

Quelles sont les actions concrètes qu’une CPTS peut mener sur son territoire ?

Après la création de la CPTS, nous avons dû élaborer un projet de santé. Pour cela, nous avons souhaité donner la parole aux professionnels du territoire. Chacun a pu proposer des idées pour améliorer l’offre de soins localement. Ces idées ont ensuite été regroupées par thématique, puis intégrées dans un projet global que nous avons présenté à l’ARS. Afin de répondre à leurs exigences, nos actions devaient s’inscrire dans plusieurs axes prioritaires : l’accès aux soins, la coordination interprofessionnelle, la gestion des soins non programmés, la prévention, et l’organisation des parcours patients.

Dans notre cas, nous avons misé sur la convivialité et les échanges entre professionnels pour attirer de nouveaux praticiens et développer des projets concrets. Par exemple :

  • Plusieurs maisons de santé ont vu le jour grâce aux rapprochements interprofessionnels facilités par la CPTS.
  • Nous avons travaillé sur l’attractivité du territoire, notamment en accueillant des internes exerçant en ville ou à l’hôpital, pour leur donner envie de s’y installer.
  • Des parcours de soins spécifiques ont été créés, comme des soins de support pour les patients atteints de cancer ou des suivis post-chirurgie bariatrique.
  • Sur le plan de la prévention, nous organisons régulièrement des conférences à destination des professionnels et du grand public.
  • Nous avons aussi élaboré une frise du développement psychomoteur de l’enfant de 0 à 1 an et mis en place des ateliers pour les professionnels de santé ainsi que pour les acteurs de la petite enfance.

Pensez-vous que les ostéopathes représentent une force au sein de la communauté soignante territoriale ?

Je pense sincèrement que les ostéopathes ont toute leur place dans les CPTS, car nous apportons une vision différente grâce à notre indépendance vis-à-vis de la CPAM et à notre grande liberté d’action.

Cependant, il n’est malheureusement pas toujours facile de s’imposer au sein des instances administratives, notamment face aux ARS, souvent très centrées sur les médecins. Cela demande du caractère. J’en ai moi-même fait l’expérience en tant que présidente : on me demandait fréquemment d’être accompagnée par ma vice-présidente, médecin, pour que mes propos soient mieux pris en compte.

La voix des ostéopathes est encore trop souvent sous-estimée. Il reste un long chemin à parcourir pour obtenir une meilleure reconnaissance de notre rôle dans le parcours de soins et au sein des instances administratives de santé.

Par ailleurs, la lourdeur administrative est une problématique commune à de nombreux professionnels de santé. En tant qu’ostéopathes, notre pratique libérale nous permet de proposer des modes de fonctionnement différents pour l’organisation des soins. La quantité excessive de paperasse imposée aujourd’hui représente une véritable nuisance pour l’exercice des soignants.

Enfin, il est indéniable que les ostéopathes constituent une force pour les CPTS, en renforçant le maillage des professionnels de santé et en apportant une approche complémentaire au système de soins.

OSTEO POUR TOUS remercie chaleureusement Amandine pour sa disponibilité et pour son engagement !

Pierre-Adrien LIOT

Retour en haut